lundi 21 janvier 2008

un petit poème dans ce monde de brutes!


J'aime la poésie pas depuis toujours car les cours de français ont été longtemps une épreuve pour moi. Je suis dislexique et donc j'ai eu (et j'ai encore) des difficultés en orthographe, construction de pharses... Puis un jour j'ai eu la bonne surprise que le français c'était aussi de l'analyse littéraire et là ça m'a plu! Et la poésie encore plus que les textes car ça parle de sentiments profond: l'amour, la haine, la mort, la peur...
Donc j'ai très envie de me laisser aller à mes plaisirs cachés-non que j'en ai honte mais que je ne suis pas amenée, dans ma vie de tous les jours, à parler de poésie!
J'ai choisi de commencer avec une poésie particulière et qui est assez populaire car reprise par plusieurs chanteurs dont Marc Lavoine: "Le pont Mirabeau" de Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'ils m'en souviennent
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure

Les mains dans les mains, restons face à face,
Tandis que, sous
Le pont de nos bras, passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante,
L'amour s'en va,
Comme la vie est lente
Et comme l'espérance est violente

Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure

Passent les jours et passent les semaines,
Ni temps passé,
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure.


de Guillaume Apollinaire

Biographie de l'auteur:

Il est né à Rome en 1880. Il a une grande culture artistique et littéraire. Son premier travail est d'être précepteur d'une jeune aristocrate en Rhénanie. En 1907, il s'établit à Paris. Ce sera un ami très proche de Picasso. Il aura une liaison avec Marie Laurencin (peintre), avec laquelle il vivra jusqu'en 1912. Il est mobilisé en 1914, blessé en 1916, trépané. Il est mort tragiquement de la grippe espagnole en 1918 alors qu'il venait juste de se marier.


petite définition pour mémoire: "trépané" signifie avoir subie une trépanation, opération chirurgicale qui consiste à pratiquer un trou, grâce à un appareil (un trépan) dans la boîte crannienne.


Commentaire du poème:

Ce poème écrit en 1912 et paru en 1913 est le deuxième poème du receuil "Alcools". C'est une oeuvre novatrice. Le poème ressemble à une chanson avec le rythme et le refrain. Il est particulier car il n'a pas de ponctuation. Le texte se présente sous la forme d'un calligramme faisant penser à un pont. L'auteur y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, il traversait le pont pour aller la voir, et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va.


Analyse:

La Seine rappelle au poète son amour perdu.
1ère strophe: lieu évocateur de l'amour (le pont)

2ème strophe: le rappel de sa liaison

3ème strophe: la fuite de l'amour

4ème strophe: la fuite du temps

l'eau: élément habituel du poème lyrique pour exprimer la fuite du temps.

contradiction: la fréquence des verbes de mouvement ("passe", "coule", "s'en va") présents à toutes les strophes; l'immobilité avec le pont statique: le poète est figé par sa douleur ("je demeure") et le temps s'écoule.

Conclusion:
On a un poème qui reprend des termes conventionnels dans une structure où les termes, les sonorité et la disposition des mots forment des correspondances. Seule la peine de l'auteur semble demeurer face au temps qui passe.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma Douce... j'aime ta poésie, elle est ta peau, ton regard, ton écoute, elle est ton coeur...
et ce qui m'impression fortement c'est d'avoir fait une analyse sur le poême que tu nous offre... Merci ma grande...

Anonyme a dit…

en suivant la seine, j'ai emprunté le Pont Mirabeau jusqu'ici